Avec la circulaire n° 2018-108 du 10-10-2018 (BO du 11 octobre 2018), le ministère publie un texte qui, certes, prend acte du rejet quasi unanime du projet présenté en juin 2018, mais continue de s’inscrire dans une logique managériale qui pose le professeur principal en « petit chef » et veut accroître sa charge de travail ... sans revaloriser l’indemnité afférente bien sûr alors que le SNES-FSU exige son doublement.
Attention : On vous propose ici une première analyse, les spécificités liées au lycée (deux PP en terminale, enjeux sur la classe de 2de, lien avec la réforme du lycée et l’orientation…) seront à venir.
1- Un ministère qui recule sur certains points ...
Désignation
La circulaire publiée rétablit le nécessaire accord des collègues pour les désigner en tant que PP : « les professeurs principaux sont désignés par le chef d’établissement, conformément aux dispositions de l’article R. 421-10 du Code de l’éducation, avec l’accord des intéressés ».
Heures de vie de classe
Alors que le projet de circulaire prévoyait clairement d’imposer au PP l’animation des HVC, et donc la prise en charge obligatoire des élèves 10H par an, le texte publié se contente de rappeler qu’« il peut être conduit à organiser et animer les heures consacrées à la vie de la classe ». En clair, si les grilles horaires du collège obligent toujours à prévoir dans l’emploi du temps des élèves un créneau pour 10 HVC annuelles, c’est le PP qui détermine l’opportunité (« peut être conduit ») de les organiser, et le cas échéant éventuellement de les animer lui-même en prenant en charge la classe. Cette formulation ne permet pas de donner un caractère systématique à l’organisation ET à l’animation des HVC, : elles doivent donc continuer à être rémunérées en HSE quand le/la PP en prend en charge l’animation.
Evaluation des élèves, liberté pédagogique
Il n’est plus question de demander au PP de faire des réunions visant à peser sur les pratiques d’évaluation des professeurs de la classe : il est bien rappelé que l’évaluation des élèves est « menée et réalisée par les enseignants », et il n’est plus question comme dans le projet « d’harmoniser les modalités d’évaluation et d’orientation. ». Conformément au décret statutaire du 20/08/2014.
2- ... mais encourage les pressions néo-managériales sur d’autres
Créer une hiérarchie intermédiaire : une obsession
Sorte d’intermédiaire entre le chef d’établissement et les équipes, coordonnant le suivi des élèves dans et hors temps scolaire (« devoirs faits ») , le PP pourrait se substituer aux psychologues de l’Éducation nationale en matière d’orientation où il aurait une « responsabilité spécifique », et assurer des missions allant bien au-delà du référentiel enseignant.
Pour le ministère, « il est nécessaire que le principal ou le proviseur les réunisse [les PP] à intervalles réguliers ». Une façon de poser le chef d’établissement en super manager, y compris pédagogique, et de tenter de faire des PP des relais dociles de la « politique de l’établissement ». Ces réunions ne sont en rien statutaires, mais les pressions seront fortes.
Les PP (« Au moins un professeur principal de chaque niveau d’enseignement ») qui participent au conseil pédagogique sont considérés comme des relais de la direction, face aux autres professeurs proposés par leur pairs dans les 15 premiers jours de l’année scolaire.
Multiplier les réunions et accroître la charge de travail : une idée fixe
Informer les familles, accompagner, guider, orienter, participer à des actions/projet/parcours, « contribuer à la mise en œuvre, intervenir, organiser, proposer, faire le lien, ... avec tous les acteurs intervenant au sein d’un EPLE, rien que ça ! Si le SNES-FSU a obtenu que les formulations retenues excluent toute obligation, le PP »peut" s’impliquer dans tellement de tâches que les injonctions risquent de se multiplier.
En 3e, le texte incite les chefs d’établissement à planifier des « entretiens personnalisés d’orientation en associant en tant que de besoin les psychologues de l’éducation nationale et les autres membres de l’équipe éducative. » ..? conduits par les PP. Le Snes-FSU rappelle que les classiques réunions parents-professeurs peuvent tenir (et tiennent déjà) lieu d’occasion de dialogue avec les élèves et leurs représentants légaux.