Les projets de programmes de seconde générale et technologique, en consultation depuis le 27 janvier, confirment l’analyse du SNES d’une réforme qui n’a rien de pédagogique.
Certains programmes des enseignements communs posent problème, voire relèvent d’une idéologie contestable : en SVT et physique-chimie, démarche expérimentale et épistémologie indigentes au profit de l’histoire des arts ; en histoire-géographie, inflexion en faveur de l’histoire culturelle et religieuse au détriment de l’histoire sociale et économique, espace d’étude centré sur l’Europe occidentale.
Concernant les enseignements d’exploration, l’introduction de la découverte des métiers vise à imposer une conception réductrice de l’orientation et une vision utilitariste des savoirs au cœur des disciplines. Ces enseignements seront le plus souvent assurés en classe entière, pas forcément par des enseignants spécialistes de la discipline, et pourront ainsi être transformés en simple variable d’ajustement dans le cadre de l’autonomie renforcée des établissements. Le risque existe d’un saupoudrage, d’une coloration voire d’une interprétation des contenus en fonction de la discipline de l’enseignant qui aura en charge cet « enseignement ».
Impossibles le plus souvent à mettre en œuvre en classe entière, ces programmes dénaturent les disciplines, et sont parfois dogmatiques :
Le programme de SES évacue les questions de société comme l’emploi, le chômage, les inégalités de revenu… et marginalise la sociologie dont un seul thème est imposé ; il impose une vision réductrice et orientée de l’économie ;
Le programme des Principes fondamentaux de l’économie et de la gestion ne permettra pas aux élèves de faire la distinction entre les séries ES et STG ;
Aucun financement n’est prévu pour Création et Activité artistiques dont le contenu s’apparente à celui d’un atelier ;
Méthodes et pratiques scientifiques propose des thèmes interdisciplinaires sur une base annuelle de 18h pour chaque enseignement scientifique ;
Les enseignements technologiques sont profondément dénaturés : pédagogie de projet et démarche technologique seront sans doute compromises avec 1h30 par semaine, voire 54 heures dans l’année, sans certitude de dédoublement ;
Le programme de Littérature et société propose des « domaines d’exploration » dans des champs disciplinaires éloignés de la littérature (géographie, SES, certaines disciplines technologiques, ethnologie, anthropologie….). Comment ces thèmes proches de ceux de l’enseignement "culture générale et expression" de BTS permettront-ils de renforcer l’attractivité de la voie littéraire ?
En outre, de nombreux collègues s’interrogent sur le choix, pour l’année scolaire 2010-2009, du tome 3 des Mémoires de Guerre de Charles De Gaulle au programme de littérature en terminale L. Quelle est la pertinence d’un tel choix pour le domaine « littérature et débat d’idée » ? Devant la difficulté de l’étudier comme un ouvrage « littéraire », ne peut-on pas voir dans ce choix une nouvelle orientation de la discipline qui semble confondre littérature et histoire, comme c’est le cas pour l’enseignement "littérature et société" en seconde ? Le ministère instaure une confusion entre ces disciplines - particulièrement dommageable dans une série qui se veut littéraire - et qui ne saurait tenir lieu d’interdisciplinarité.
La précipitation avec laquelle le ministère a élaboré ces programmes et les conditions de la consultation, qui ne permettent pas un véritable débat avec ceux qui seront chargés de les mettre en œuvre, sont inacceptables et prouvent une nouvelle fois que cette réforme n’est pas portée par un véritable projet pédagogique, ni par le souci de répondre aux attentes des professionnels qualifiés que sont les enseignants.
Cet article est repris du site http://www.snes.edu/Projet-de-progr...