Le rapport sur l’orientation remis par Françoise Guégot au Président de la République le 19 Janvier, le 14e en 5 années, fait un pas de plus dans l’instrumentalisation de l’orientation scolaire et professionnelle par les politiques de l’emploi.
Inscrit dans la droite ligne du livre vert pour la jeunesse et des attendus de la loi sur l’orientation et la formation professionnelle tout au long de la vie, il en reprend les postulats : refus de reconnaître que les adolescents ne sont pas des adultes en miniature, application des recommandations de l’OCDE sans tenir compte de la particularité du système d’orientation français, logique de concurrence.
Il avance encore un peu plus dans la tentative d’assujettissement exclusif de la formation à l’insertion professionnelle.
L’utilisation constante du terme « orienteurs » par le rapporteur pour désigner les différents personnels prenant en charge l’aide à l’orientation, en dit long sur la conception sous jacente. Loin de viser le développement maximal de la personnalité, l’accès aux savoirs et la réussite, les « orienteurs » que Mme Guégot voudrait mettre en place, seraient avant tout des prescripteurs d’orientation en fonction des places disponibles ou des emplois locaux.
Ceci n’est évidemment ni compatible avec le temps psychologique et social nécessaire à l’élaboration des projets à l’adolescence, ni réaliste quant aux possibilités effectives de tracer à 5 ou 10 ans le détail des secteurs porteurs et de l’évolution des emplois.
Ce recours au vieux mythe de l’adéquation entre formation et emploi a pour fonction de légitimer le regroupement du service public d’orientation de l’Education Nationale avec le pôle Emploi et la remise en cause de la formation des conseillers d’orientation–psychologue pourtant de haut niveau mais jugée trop éloignée des attentes des entreprises, malgré les 8 semaines de stage actuelles et la formation continue.
Le rapport propose une transformation radicale des missions du réseau des Centres d’Information et d’Orientation, sommés d’entrer dans le service public d’orientation tout au long de la vie, sous peine de se voir « couper les vivres » ! Pour les conseillers d’orientation-psychologues, il s’agit d’un changement en profondeur de leurs missions et de leur public prioritaire actuel, au profit des demandeurs d’emploi et des salariés. Déjà asphyxiés, par le non remplacement de 5 départs en retraite sur 6, les CIO ne pourraient évidemment pas absorber ces nouvelles tâches en direction des adultes sans délaisser le travail en direction des élèves et des étudiants. Ainsi les Copsy n’auraient plus le temps de travailler, en complémentarité avec les enseignants, à l’adaptation aux changements de cycle de formation et à la mise en œuvre des conditions de la réussite afin que l’éventail des choix reste suffisamment ouvert.
En outre, le rapport prétend mettre en musique l’entrée de l’orientation scolaire dans une logique de concurrence et de marchandisation. Ainsi le service dématérialisé d’information et de premier conseil ferait l’objet d’un appel d’offres, et fragiliserait de fait la pérennité des services existants, comme celui de l’Onisep.
Parce qu’ils défendent une autre conception de l’Education , de l’orientation et du service public, les conseillers d’orientation-psychologues, les directeurs de CIO et les enseignants ne peuvent accepter cette liquidation d’un service et d’une profession, conçus avant tout au bénéfice des élèves et des familles.
Le SNES appelle les personnels et les parents à s’opposer à ces propositions régressives et particulièrement préjudiciables aux jeunes de milieu populaire et à se mobiliser pour une autre conception de l’orientation qui soit un véritable levier de développement et de réussite pour tous les collégiens, les lycéens et étudiants.
Cet article est repris du site http://www.snes.edu/Rapport-Guegot-...