STAGE EP1—ZEP du 7 novembre 2006 : :

un bilan d’étape de la réforme

Quatre établissements ZEP de l’académie étaient représentés ou nous avaient envoyé des documents sur la mise en place de la réforme EP1 dans leur établissement.

Nous avons échangé autour d’un premier bilan d’étape : conditions de rentrée, moyens attribués, organisation des enseignements, professeurs référents, socle commun, PPRE etc…
Le bilan ci-dessous mérite d’être affiné mais les grandes lignes sont les suivantes :
 Les moyens supplémentaires attribués en 6e et parfois en 5e concernent essentiellement les mathématiques, le français, et parfois l’anglais (rappel : les moyens ont globalement été pris sur d’autres établissements non ZEP).
 Les enseignants recrutés sont des professeurs référents (sur postes à profil), assistants pédagogiques, ou éventuellement professeurs des écoles (enseignement de l’anglais entre la classe de 6e et l’école primaire par exemple). Certains collègues victimes de suppressions
de postes ont postulé pour être professeurs référents afin de ne pas changer d’établissement ou de ville.
 La plupart du temps, le professeur de la discipline, le professeur référent ainsi qu’un assistant pédagogique préparant le CAPES, se partagent le temps de cours de la discipline et font « tourner » les groupes d’élèves. Par exemple en maths, dans un des établissements,
un enseignant s’occupe du cours, le professeur référent de l’utilisation de l’outil informatique, l’assistant pédagogique des exercices. Parfois, en français par exemple, les enseignants ont fait des groupes de niveau.

Les points positifs de cette réforme selon les collègues : il y a une
indéniable amélioration des conditions d’enseignement pour les
élèves puisque les cours de français et de maths sont dispensés
dans des groupes de 8 à 15 élèves selon les établissements.
Cela permet aux élèves en difficulté de bénéficier d’une attention
particulière.

Cependant, si des moyens ont été attribués (au détriment d’autres
établissements), seuls quelques élèves en bénéficient. Que
se passe- t-il avec les élèves en difficultés d’autres niveaux de
classe ?

Le problème essentiel soulevé est l’absence de concertation : la
plupart du temps les enseignants n’ont aucune heure de concertation
prévue dans leur emploi du temps. Même les enseignants référents
ont parfois été réquisitionnés à plein temps par les chefs d’établissement pour être devant les élèves (alors que leur profil de poste comportait une partie de leur service en coordination…).

Par ailleurs, beaucoup d’élèves sont un peu perdus devant la multiplication des intervenants, et ont du mal à se repérer. Un exemple : dans un des établissements, les élèves peuvent avoir jusqu’à 5 intervenants différents en français (les deux professeurs de lettres
que l’élève verra dans la semaine, l’assistant pédagogique, et les autres intervenants qui sont susceptibles de l’aider en français, pour l’aide élève par exemple -AED, enseignant encadrant l’aide au travail personnel-) ! Un comble pour la continuité pédagogique et les repères dont les élèves en difficulté ont particulièrement besoin !

Autres inquiétudes soulevées par les collègues :
 La déréglementation en matière de service des enseignants : un PE (professeur référent) recruté pour enseigner l’anglais à l’école primaire et en classe de 6e effectue en conséquence un service de 26 h…
 L’application du plan Borloo : des intervenants arrivent dans les établissements parfois sans que les enseignants l’aient demandé et sans aucune consultation du CA : exemple en sport dans un des établissements ou un intervenant est là « pour faire aimer le sport aux élèves »…

Le SNES s’est exprimé à de nombreuses reprises pour dénoncer la cohérence globale de cette réforme et les « laboratoires de déréglementation » que sont ces établissements.
Nous continuerons à suivre cette expérimentation et à dénoncer toutes les conséquences néfastes de cette nouvelle politique des ZEP
.

Sandrine Charrier

Article extrait du bulletin 134 du 20/12/2006