Stage « sciences intégrées » du 14 novembre 2006
Des collègues de physique, technologie, SVT ont participé à ce stage, animé par Gérard Hatab, responsable national du groupe physiquechimie
et par Roland Hubert, secrétaire national du SNES.
Roland Hubert a présenté rapidement le contexte général (audits collèges et lycées, suppression de décharges par réécriture du décret de 1950, mentions complémentaires, socle commun, etc…). Bref, de quoi s’inquiéter à cause de la synergie de ces mesures dans l’offensive menée
contre notre système éducatif et du pilotage par la LOLF (loi organique sur les lois de finance) qui facilite les expérimentations prévues par
l’article 34 de la loi Fillon.
Gérard Hatab a présenté l’expérimentation « sciences intégrées » qui concerne l’académie de Clermont, parmi d’autres académies : un seul enseignant intervient en classe de 6e en SVT, physique et technologie.
Beaucoup de présupposés dans cette expérimentation, sans que l’apparent bon sens soit étayé par des preuves :
– il y aurait un trop grand nombre de professeurs et le bon sens suffirait pour enseigner une autre discipline au début du collège
– L’enseignement par discipline serait une source de complications
– il existerait des bonnes pratiques que chacun devrait suivre
– Il y aurait une prééminence stricte des apprentissages, voire de disciplines, excluant l’un tant que ne sont pas maîtrisés les autres
– on améliorerait ainsi l’évaluation par les compétences (plutôt capacités en l’occurrence)
– on pourrait remédier à l’échec par contrat avec l’individu.
Dans chaque cas, les enjeux sont lourds.
Beaucoup de questions se sont posées :
– Sciences intégrées : est-ce que la polyvalence (décrétée) assure la polycompétence, en se formant sur le tas ?
– Thèmes de convergence : l’enseignement disciplinaire doit-il s’effacer devant les démarches pluridisciplinaires, interdisciplinaires, transversales, non-linéaires. ?
– Socle commun et PPRE : Y a-t-il, pour les élèves, un apprentissage soigneusement codifié dont on ne pourrait s’écarter que pour mettre en
oeuvre un programme personnalisé de réussite éducative à l’issue d’une évaluation incontestable ?
– Démarche d’investigation : face à la diversité des élèves et des enseignants, faut-il remplacer la liberté pédagogique de chaque enseignant par de bonnes pratiques ?
En fin de matinée, M.Vigneron, IPR (physique-chimie) avait accepté de venir nous donner le point de vue de l’Inspection sur cette expérimentation, qui concerne 4 collèges de l’académie : il nous a exposé la démarche, le contenu, la progression et l’évaluation et a établi un « bilan » provisoire. Un bilan national plus complet sera effectué en mars.
Le débat avec les collègues a porté sur les conditions de travail qui pèsent fortement sur eux, en collège, et conduit à des interrogations douloureuses, notamment en technologie, par rapport à la place de la discipline, à ses contenus et programmes. A l’issue du débat sur l’expérimentation « sciences intégrées », il nous a semblé hasardeux de parler d’expérimentation-évaluation tant on est éloigné d’un protocole strict, faisant varier un minimum de facteurs. Il s’agirait plutôt d’une innovation, mise en place précipitamment (2mois), sur laquelle il sera difficile de tirer un bilan (sur quoi pourrait-il porter ?).
Nous avons évoqué cette expérimentation lors de notre CA académique du 17 novembre dernier et voté le texte suivant :
« Le SNES n’est pas opposé au principe d’expérimentation pour faire évoluer le système éducatif, expérimentations qui doivent se dérouler
avec un protocole national. Des bilans sérieux doivent en être tirés.
Mais les expérimentations actuelles mises en place dans le cadre de la Loi Fillon sont destinées avant tout à être des outils de déréglementation des services, des statuts et des horaires nationaux.
Le SNES exprime les plus grandes réserves face à l’expérimentation des sciences intégrées dans l’académie. Il y voit un risque de dilution
des disciplines, de regroupement de champs disciplinaires, d’imposition de la bivalence, voire de la trivalence, et d’imposition de
« bonnes méthodes » de type « la main à la pâte ».
En tout état de cause, il demande que l’expérimentation en cours se fasse sur un trimestre seulement, conformément aux dispositions
prévues initialement, qu’un premier bilan contradictoire sur l’intérêt pédagogique de cette expérimentation soit publié rapidement et
qu’aucune décision d’évolution disciplinaire ne soit prise dans ce cadre ».
Sandrine Charrier - Gérard Hatab
Article extrait du bulletin 134 du 20/12/2006