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Au cours de la CA académique du 21/12/2007 une motion spécifique RESF a été votée appelant à soutenir RESF et à signer la pétition « non à la directive de la honte » (tous les détails sur http://www.clermont.snes.edu/spip.php?article96)

La traque aux étrangers sans-papiers s’accentue. Le fichier Eloi est de retour. Cette base de données des étrangers expulsables avait été créée par le ministère de l’intérieur en juillet 2006. Mais, à la suite d’un recours d’associations, le fichier avait été annulé par le Conseil d’Etat en mars 2007, qui avait estimé qu’il devait donner lieu à un décret et passer par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).

Le décret contenant la nouvelle mouture du fichier Eloi a été publié au Journal officiel dimanche 30 décembre. Il crée un fichier automatisé de "données à caractère personnel relatives aux étrangers faisant l’objet d’une mesure d’éloignement" pour permettre "le suivi et la mise en œuvre" de ces mêmes mesures. Comme ci cela ne suffisait pas une attaque sans commune mesure risque de tomber sur les sympathisants, sur les militants, sur les associations qui les soutiennent, les accompagnent, leur permettent de vivre. En effet, la prochaine Loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi), qui doit être présentée en janvier par Michèle Alliot-Marie en Conseil des ministres, contient une disposition qui habiliterait la police à placer des logiciels espions dans les ordinateurs dans le but de surveiller en temps réel le flux informatique des particuliers et des entreprises, y compris les e-mails et les conversations téléphoniques via des logiciels comme Skype. Les services du ministère de l’Intérieur évitent encore de communiquer plus amplement sur le sujet. "Un peu tôt" y explique-t-on. Plusieurs dispositions ont pourtant filtré et notamment ce nouveau feu vert à l’installation de "mouchards". Les policiers seraient autorisés à avoir recours à ces "clés de connexion" non seulement pour de la grande délinquance "dès lors que les faits sont commis en bande", précise le texte tel qu’il a filtré à ce jour et n’a pas été démenti par le ministère. Mais aussi pour "l’aide à l’entrée et au séjour d’un étranger en situation irrégulière".

Sur le papier, la justification s’articule bien sûr autour de la lutte contre les réseaux de l’immigration clandestine et notamment contre les passeurs. Mais, dans les faits, des associations comme RESF, par le biais de laquelle des particuliers s’organisent notamment pour assister, et parfois cacher, des parents d’enfants scolarisés qui sont en situation irrégulière, pourraient être menacées.

Vice-président du Gisti, l’avocat Stéphane Maugendre rappelle qu’il y a une tendance à la criminalisation générale de l’aide aux sans-papiers :
"Cette disposition serait un pas de plus mais, dès à présent, la loi sur l’aide au séjour irrégulier est tellement vaste qu’elle concerne aussi bien l’oncle qui accueille son neveu quelques jours, le petit passeur, les associations qui aident les sans-papiers, que les gros réseaux de trafic."
Si aucun parent d’élève associé par exemple à RESF n’a encore été poursuivi, Stéphane Maugendre souligne que la pression va bien crescendo sur le terrain.

Du côté de la Cimade, Sarah Bellaïche juge "très inquiétante" la nouvelle mouture de la loi de sécurité intérieure mais constate également que l’arsenal législatif permettait déjà de donner un tour de vis supplémentaire, en poursuivant par exemple les passagers d’un avion qui s’étaient opposés à l’expulsion d’un clandestin pour "atteinte au bon fonctionnement d’un aéronef".

Cette nouvelle génération de mouchards inquiète, alors que deux salariées de France terre d’asile avaient été mises sur écoute pendant plusieurs mois avant d’être carrément placées en garde à vue pour avoir eu des conversations téléphoniques avec de jeunes clandestins qu’elles suivaient.

Montrons-nous vigilant, mais que cela ne nous effraie pas et au contraire, soyons de plus en plus nombreux à aider, chacun à la hauteur de nos moyens, les étrangers sans-papiers.

Rappelons-nous aussi le mandat de la FSU du congrès de Marseille : « régularisation de tous les sans-papiers ! ».

Article extrait du bulletin 138 du 15 janvier 2008