Formation sur la réforme des collèges. Bassin d’Yssingeaux. 2 février 2016
Extraits :
Formateurs : 2 IAIPR (espagnol et physique-chimie), un principal adjoint et 2 professeurs.
Après la présentation du programme de la journée en réunion plénière, l’ensemble des enseignants du collège Le Monteil (à l’appel des sections SNES et FO) s’est levé pour la lecture d’une « motion » pointant les disfonctionnements de cette réforme. Nous avons expliqué que nous convoquer à une formation sous la menace d’un retrait de salaire ne pouvait conduire qu’à une chose : nous conforter dans le refus de travailler en atelier pour anticiper la mise en place de la réforme.
Plusieurs collègues d’autres établissements nous ont rejoints et se sont levés aussi. Des applaudissements chaleureux se sont faire entendre à la fin de la lecture !
Les formateurs, visiblement peu à l’aise, nous ont assuré qu’ils étaient prêts à « recevoir les retours » mais que leur but était de nous montrer comment « décloisonner les disciplines pour que les élèves puissent maîtriser leur parcours ».... Ils présentent rapidement le nouveau socle de compétence et le livret scolaire.
Ensuite, des échanges parfois vifs s’en sont suivis. Beaucoup de questions et peu de réponses. Les formateurs semblent en savoir bien peu.
Un professeur fait part de son inquiétude concernant le risque d’une éducation à deux vitesses en demandant si les établissements privés vont appliquer la réforme. Réponse des formateurs : la réforme est la même pour le public et le privé ; les enseignants du privé doivent avoir leurs propres journées de formation (en soulignant au passage le coût élevé de ces journées de formation) ; la mise en place de la réforme dans le privé devra être rigoureusement contrôlée, aucune section européenne ne sera financée dans le privé, certaines sections bilangues seront conservées dans le public et privé. Le principal adjoint ajoute qu’il est tout de même « difficile de lutter contre les spécificités du privé ».
Un enseignant d’EPS critique le fait qu’il n’y ait pas de formations proposées en EPS dans le cadre de la formation continue et demande s’il est vrai que le rectorat « fiche » les enseignants s’opposant à la réforme. Les formateurs répondent que le rectorat ne fiche pas les enseignants. Concernant les formations, l’IAIPR d’espagnol assure qu’il y aura des formations disciplinaires sur la réforme et précise « qu’il n’y a pas de formations réforme et pas réforme ». Elle rappelle que le but de cette journée n’est pas d’imposer mais de faire en sorte que « chaque discipline apporte sa spécificité au parcours des élèves. Le but est de faire entrer les projets pluridisciplinaires qui existent déjà dans les nouveaux cadres des programmes et du socle ».
Rapidement, les formateurs demandent aux stagiaires de se réunir par groupes pour faire l’état des lieux par établissement et proposer des projets.
Groupe du collège du Chambon-sur-Lignon.
Le formateur demande quels projets d’EPI ont été proposés dans l’établissement. Nous n’en avons pas encore élaboré. La première demi-journée de formation dans l’établissement a consisté à passer au vidéo-projecteur les textes de la réforme. La deuxième demi-journée a été boycottée par plusieurs enseignants pour montrer leur désaccord.
Une collègue fait remarquer que nous faisons déjà du transdisciplinaire dans nos cours et s’interroge sur la plus-value des EPI. Le formateur lui répond que les EPI doivent entrer dans un projet et aboutir à une production.
Une autre demande si des temps de concertation sont prévus entre les intervenants car ces projets demandent un travail conséquent en aval. Réponse du formateur : les EPI doivent rester modestes au début et les enseignants doivent trouver des heures de concertation en dehors de leur 18H. La collègue précise sa question en demandant si des directives ont été données aux principaux pour ménager des heures où les enseignants peuvent se concerter, en dehors de leurs 18h de cours. Le formateur lui répond que ce sont les enseignants qui, en faisant remonter leurs projets pédagogiques, inciteront les principaux à ménager des plages de concertation dans les emploi-du-temps. Les enseignants doivent aussi pouvoir trouver des moyens de concertation à distance. Suite à une question sur la situation des enseignants à cheval sur plusieurs établissements, le formateur reconnaît qu’il sera difficile pour ces enseignants de s’engager dans les EPI.
La suite de la réunion est totalement destructurée. Le formateur commence à aborder les AP. Pour les construire il faut faire un « diagnostic » au début de l’année scolaire et penser un « parcours ». Puis il rejoint le groupe d’à côté. La formatrice qui le remplace nous dit que « les AP ne sont pas sa spécificité ».
Repas. Reprise : présentation - réflexion sur les AP et EPI. Collèges du Chambon sur Lignon, de Tence, de Monistrol.
Une formatrice rappelle les horaires dévolus aux EPI / AP : 4h par classe et par niveau de la 5e à la 3e, la part d’AP et d’EPI étant modulable par établissement. 3 heures d’AP en 6e.
Elle présente un exemple de séquence d’AP en 5e : construire un tableau.
Une enseignante fait remarquer que nous développons déjà ces compétences dans nos disciplines et ne voit pas l’intérêt d’heures dévolues à cela. Une concertation entre collègues sur les compétences transdiciplinaires mises en œuvre par niveau suffirait.
Face aux questions des enseignants sur la répartition des heures entre collègues et le fléchage de ces heures dans les EDT, les formateurs sont évasifs. Certains expliquent comment cela est prévu dans leur établissement (au prorata des heures disciplinaires...). Une formatrice admet : « A la rentrée 2016, on va essuyer les plâtres ».
Les projets d’EPI doivent être votés en CA. Plusieurs enseignants manifestent leur inquiétude face à cette modalité : intervention de personnes extérieures à l’établissement (des politiques notamment) dans les choix pédagogiques, pouvoir du chef d’établissement dans les choix, atteinte à la liberté pédagogique, risque pour certaines disciplines de voir leurs heures disciplinaires phagocytées par les EPI. Réponses : il faut faire remonter en aval les projets au chef d’établissement pour éviter de se voir imposer des projets, sachant que certains EPI seraient déjà « incontournables » (le monde de l’entreprise...).
Lors des ateliers, certains enseignants n’ont rendu aucun travail mais ont pointé du doigt certaines aberrations de la réforme. Par exemple : après avoir expliqué que la liberté pédagogique est à la base de la réforme pourquoi les sujets d’EPI doivent être validés en CA ? C’est une atteinte à la liberté pédagogique pure et simple. Les parents ou politiques présents au CA n’ont pas à se prononcer sur l’aspect pédagogique.
Les formateurs le déplorent mais n’apportent pas de réponse claire.
Après 15 h la formation se prolonge sous forme de discussions éclatées …. La plupart des enseignants en repartent avec un sentiment de « temps perdu ».