
Le ministère a une lecture bien singulière de la crise d’attractivité puisque, si l’on en croit le préambule des LDG stratégiques ministérielles, c’est la rigidité des règles statutaires qui en serait la cause principale, ce que la FSU conteste fortement. La loi TFP a placé le recours au contrat au même rang que le recrutement de titulaires par concours, et c’est bien ce que prétendent organiser les LDG stratégiques ministérielles et les feuilles de route RH académiques au détriment d’une réelle volonté de revaloriser les métiers de l’Éducation et d’attirer plus d’étudiant
es, ce qui implique notamment le dégel et la revalorisation du point d’indice, la reconstruction des grilles indiciaires, des carrières pouvant être parcourues sans obstacle de grade, la déconnexion totale entre l’avancement et l’évaluation professionnelle, la restauration de la GIPA, etc.La FSU a voté contre !
Lire nos analyses (non exhaustives) rappelées dans la déclaration FSU lors du CSAA du 21/02/25 :
Extrait de la déclaration
"Nous ne dresserons pas ici une analyse exhaustive de la feuille de route académique mais nous tenons néanmoins à faire quelques remarques et à partager quelques interrogations :
– L’Axe 1 se donne pour objectif d’ « attirer les talents ». Sans revenir sur les leviers cités plus haut qui permettaient de résoudre la crise d’attractivité, n’est-ce pas là une manière de renoncer au recrutement par concours, principe inscrit dans le statut général de la fonction publique et dans les statuts particuliers de chaque corps, au profit d’une généralisation du recrutement sous contrat sous-tendue dans la loi TFP ?
– L’objectif 2 de l’Axe 1 prévoit d’améliorer le traitement des demandes des agent•es. L’objectif est louable mais on peut se demander s’il est vraiment réalisable au vu des services RH qui sont en sous-effectifs, à moins d’accroître la charge de travail déjà importante des personnels.
– L’objectif 3 « mieux accueillir et intégrer les nouveaux agents » part d’une bonne intention mais sur quel temps se fera-t-il ?
– L’objectif 4 prévoit de développer et de valoriser le tutorat et le mentorat. Outre le fait que l’on assiste à leur multiplication, on peut douter de l’indemnisation de ces missions à l’heure où les budgets sont de plus en plus contraints du fait des politiques d’austérité et que les indemnités pour missions particulières sont fortement réduites.
– L’objectif 5 « diversifier les viviers de recrutement » fait état de « prospections auprès d’entreprises afin d’identifier des compétences techniques spécifiques rares ». N’est-ce pas là un contournement dangereux voire un affaiblissement assumé, de la part du ministère, de la fonction publique et des valeurs du Service public d’Éducation au profit du privé et de la contractualisation et au détriment d’une fonction publique de carrière substituée par une fonction publique d’emploi via la création de « commissions départementales de recrutement inter fonctions publiques » ?
– L’Axe 2 vise à « fidéliser les agents » en leur garantissant un « environnement de travail optimal sécurisé », des « conditions de travail propices à l’épanouissement professionnel » et des « temps de cohésion d’équipes et inter-équipes ». Au vu de la dégradation généralisée des conditions de travail des personnels, de l’augmentation de la charge de travail et des risques psycho-sociaux, de la perte de sens des métiers, d’un management toxique dans certains établissements, et en l’absence de moyens significatifs injectés dans l’École, on peut sincèrement douter de la réalisation d’un tel objectif. « Favoriser un sentiment d’appartenance » passe avant tout par la défense et le renforcement du statut, le respect des droits des agent•es, la reconnaissance de leur métier tant sur le plan salarial que du point de vue de l’amélioration de leurs conditions de travail, ce qui implique de la part de nos dirigeant•es de mettre fin au « fonctionnaire-bashing ».
– L’objectif 4 de l’Axe 2 prétend développer « une formation continue en faveur des parcours de professionnalisation ». Avec quels moyens et sur quels temps à l’heure où de nombreuses actions de formation continue sont annulées faute de budget pour les financer ?
– L’objectif 8 vise à « consolider la médecine de prévention », sujet qui devrait alerter au plus haut niveau de l’État quand on sait que la plupart des académies ne parviennent plus à recruter de médecins comme la nôtre qui ne compte plus désormais qu’un seul médecin pour 22 000 personnels. La FSU rappelle sa revendication d’au moins 4 médecins dans l’académie et un infirmier par département.
– Dans l’Axe 3, il est prévu d’ « accompagner les managers pour faire face aux relations interpersonnelles dégradées » et de « sensibiliser les managers à l’écoute active, à l’empathie et les former à la gestion des conflits ». La première des priorités en la matière serait sans doute de savoir pourquoi les relations sont dégradées dans de nombreux établissements mettant en souffrance de nombreux collègues. Quant à la sensibilisation à l’empathie, elle ne peut se substituer à une vraie réflexion sur la formation managériale.
– L’objectif 5 « renforcer les conditions d’échange en vue de la préparation des instances paritaires » propose d’organiser une fois par trimestre une bilatérale avec les organisations syndicales siégeant dans les instances académiques. Nous ne pouvons bien évidemment pas nous y opposer même si cet objectif paraît pour le moins ambitieux et pourrait être facilement atteint avec l’abrogation de la loi TFP et le retour du paritarisme."