Malgré les annonces de juin, les évaluations nationales en mathématiques et en français ne sont heureusement pas généralisées sur l’ensemble des niveaux du collège pour cette rentrée.
Cependant, elles restent obligatoires en Sixième et Quatrième alors que la grande majorité des personnels n’en voit pas l’intérêt, mais plutôt une perte de temps. En Cinquième et Troisième, les pressions des organisations syndicales unanimes les ont rendues facultatives ; il ne faut pas se les laisser imposer.
Évaluations nationales à tous les étages
Initiées à la rentrée 2018, elles n’ont cessé de prendre de l’ampleur et concernent aujourd’hui les niveaux de CP, CE1, CE2, CM1, CM2, Sixième, Quatrième, Seconde et première année de CAP. Le ministère tente de les parer de prétextes pédagogiques, mais personne n’est dupe : elles sont avant tout un outil de pilotage.
Chaos en perspective
Ces évaluations doivent théoriquement se dérouler du lundi 9 au vendredi 27 septembre. Dans des établissements sous-équipés, avec souvent une unique salle informatique, leur organisation est avant tout un casse-tête qui induit des pertes d’heures de cours et des modifications d’emploi du temps. Aux tests informatisés, s’ajoutent encore ceux de fluence en français. Les services de l’Éducation nationale restent dans la surenchère avec un livret de 105 pages pour les Sixièmes en français (contre 101 en 2023) ainsi que des documents spécifiques pour la fluence, et pour les élèves à besoins particuliers. Alors même que les groupes de niveau du « Choc des savoirs » compliquent à l’envi les emplois du temps et l’organisation du travail, on risque de tomber dans le chaos dans certains collèges !
Des outils de pilotage
Ce que le SNES-FSU dénonce depuis des années s’instaure sans détour : ces évaluations permettront notamment de trier les élèves, en se substituant à l’expertise plus nuancée des professeur
es. C’est un pas de plus vers un métier d’exécutant es. Le but est de les systématiser à tous les niveaux, ce qui est presque déjà le cas, afin que les résultats des élèves à ces évaluations standardisées deviennent un critère majeur pour juger de la valeur professionnelle des professeur es et pour évaluer les établissements, comme cela se fait dans les pays anglo-saxons.C’est notre liberté pédagogique et le cœur même de nos métiers qui sont attaqués !
Les résultats de ces évaluations standardisées systématiques sont utilisés pour « piloter » l’Éducation nationale, ils sont de plus en plus souvent détournés à des fins politiques pour justifier des réformes ou des prétendues réussites du ministère.
Dans certaines académies, ce sont aussi les « moyens » alloués pour le « Choc des savoirs » qui ont été corrélés à ces résultats ! Cela a pu conduire à des aberrations : par exemple, un collège dans lequel la direction n’avait prévu que la moitié du temps imparti pour la passation des évaluations nationales en septembre 2023, a reçu une très bonne dotation horaire car ses les résultats étaient particulièrement mauvais.
Au creux de la fracture numérique
Certain
es élèves, en particulier les plus socialement défavorisé es, ne maitrisent pas l’usage de la souris ni de l’ordinateur. Ces inégalités d’accès à l’informatique influent sur les résultats sans que cela ne soit jamais pris en compte. Quant aux contenus des items proposés, ils sont aussi discutables, notamment car ils ne traitent que très partiellement les champs de ces disciplines ou sont hors sol.L’avis du SNES-FSU
Le SNES-FSU conteste toujours fortement ces évaluations nationales standardisées et appelle les équipes à en ignorer les résultats.